Les enfants et le nouveau copain...T'es pas mon vrai père !
Cette fois, c'est le bon, le vrai, le seul. Celui qu'on attendait depuis si longtemps. Et les enfants vont l'adorer, c'est sûr. Enfin, pourvu qu'ils l'aiment!
Après avoir connu les maux d'un divorce, il est difficile de s'imaginer à nouveau amoureuse ou, encore plus impensable, prête à vivre avec un homme une autre fois. La première union a suffi comme leçon pensent les plus blessées. Maintenant, il faut s'occuper des enfants, souvent affectés par l'expérience, axer ses énergies sur soi. Mais la vie continue et un beau jour, impossible de s'y tromper, on est amoureuse. Fini le spleen, envolée la méfiance à l'égard de la gent masculine! On redécouvre soudainement la fougue et le romantisme de ses seize ans avec, en prime, la sagesse accumulée au cours des années.
Un seul point d'interrogation se profile: les enfants. Comment percevront-ils l'idylle de leur mère et l'arrivée d'un nouvel homme dans leur maison? La bulle rose où vivaient les tourtereaux éclate alors souvent: les enfants de la dulcinée sont loin d'être enchantés et quant à son prince charmant, ils sont prêts à lui jeter un mauvais sort et à le faire disparaître. Adieu rêve de bonheur, bonjour réalité!
LE COUPLE MAMAN-ENFANT
Quand Arianne a rencontré Patrick, son nouveau mari, cela faisait trois ans qu'elle vivait seule avec sa fille Célia. Le père de cette dernière ne se prévalait guère de ses droits de visite et ne la voyait qu'une fois par mois pour une courte fin de semaine. Arianne et Célia étaient donc presque sans cesse ensemble et avaient appris à occuper leur temps en partageant plusieurs activités communes. "J'adorais cela. J'étais seule et Célia avait besoin de plus d'attention de ma part. Je ne voyais donc aucun inconvénient à cette situation", rapporte Arianne. Tout a changé quand Patrick est arrivé dans le décor. Arianne a senti le besoin de se réserver des tête-à-tête avec son amoureux ou encore de le faire participer à des activités qu'elle faisait autrefois seule avec sa fille. Résultat? Célia s'est mise à refuser d'accompagner sa mère lorsque Patrick était là et à bouder pendant des heures quand elle sortait.
On sera sans doute portée à décrire Célia comme un monstre. Mieux vaut essayer de voir si l'inquiétude des enfants face au nouveau partenaire de leur mère ne s'explique pas d'une façon plus rationnelle. Après la séparation de ses parents, l'enfant vit de nombreuses pertes: il n'a plus ses deux parents, il doit parfois déménager, changer d'amis, d'école et perdre de vue ses grands-parents. II se sent abandonné, trahi par ses parents, ou éprouve de la culpabilité. La mère se retrouve souvent seule avec son enfant, cette situation entraînant une dynamique familiale où le petit aura certains privilèges, où il vivra une intensification du lien avec sa mère et où il adoptera un rôle d'adulte. Avec l'intrusion d'un homme dans la famille, il devra réintégrer sa place d'enfant et subira encore une perte.
LE "VRAI" PÈRE
Quand il s'est remarié après la mort de sa femme Simone Signoret, Yves Montand s'est contenté de dire que l'on ne refaisait pas sa vie, mais qu'on la continuait, tout simplement. Voilà des paroles sur lesquelles les mères divorcées qui s'apprêtent à "continuer leur vie" devraient méditer. En effet, on ne peut pas faire table rase du passé, le père ayant un rôle à jouer dans l'intégration harmonieuse du second mari dans la famille reconstituée.
Judith entretenait des relations froides mais correctes avec son ex-mari, qui s'occupait beaucoup de leur garçon. "Nous avions choisi la garde partagée et tout fonctionnait bien, jusqu'au jour où il y a eu un autre homme dans ma vie. Mon ex a commencé à questionner notre fils afin de tout savoir sur ma vie et à raconter des horreurs sur mon ami et sur moi", raconte Judith avec amertume. Pas étonnant que son petit garçon de sept ans ait été bouleversé et ait adopté envers le copain de sa mère une attitude hostile au point d'exaspérer celle-ci, alors ignorante des manigances de son premier mari jaloux.
Après la mort de son conjoint, Doris s'est pour sa part retrouvée seule avec deux adolescents qui avaient adoré leur père. "Jacques était un père merveilleux et nous avons tous été très heureux ensemble. Quand Julien est entré dans ma vie, mes fils ont perçu cela comme une trahison à la mémoire de Jacques. Celui-ci était devenu pour eux un héros mythique et ils opposaient sans cesse son souvenir à tout ce que Julien pouvait dire ou faire. Comment Julien pouvait-il lutter contre un mort?", s'interroge tristement Doris.
Dans ces deux cas, il ne s'agit donc pas d'une histoire à trois volets mais plutôt à quatre, car à la mère, aux enfants et au nouvel amoureux vient s'ajouter le père. Souvent, l'enfant idéalise le conjoint absent. En outre, ce sont en grande partie les adultes gravitant autour de l'enfant qui déterminent sa façon d'accepter la nouvelle situation. Si l'ex-conjoint se sent menacé dans son rôle de parent, cela n'ira pas. Et si la mère lance comme message à son enfant de ne plus aimer son père, le petit pourra réagir en n'acceptant pas le "remplaçant". Cela devient un conflit de loyauté très pénible à résoudre pour lui.
PRÉPARER LE TERRAIN
Si les relations n'étaient pas harmonieuses quand le nouvel inconnu était un visiteur occasionnel de la maison, il ne faut pas espérer qu'elles s'amélioreront quand il s'installera à demeure, même muni du titre officiel de conjoint. Au contraire, l'adaptation risque d'être plutôt pénible et gagne donc à être bien préparée.
La cohabitation commence bien avant le jour du déménagement. Si l'on a plus ou moins caché l'existence de notre amoureux à l'enfant et que ce dernier le voit un beau samedi matin débarquer avec ses valises, la situation a de fortes chances d'être explosive. Il est plutôt recommandé d'y aller graduellement. Pourquoi dans un premier temps ne pas présenter le prétendant comme un ami ? Après tout, c'est là une relation entre adultes et on n'a pas à l'imposer à sa progéniture. Puis, il faut laisser le temps au petit de s'apercevoir lui-même que certaines choses se modifient : sa mère sort plus souvent le soir, prend davantage soin de son apparence, est moins disponible, etc. II ne faut pas cacher ces faits à l'enfant. Au contraire, il est bon pour lui de comprendre qu'il n'est pas le centre de la vie de sa mère et que celle-ci peut être attirée par une tierce personne.
Viennent ensuite les fréquentations plus sérieuses, celles où l'enfant n'ignore plus que sa mère a un nouvel amoureux. Pour permettre à l'enfant d'apprécier ou d'apprendre à apprécier son futur beau-père, on peut utiliser deux trucs suggérés par Henri Martin-Laval dans Comment négocier avec l'enfant de l'autre... et garder le sourire(Libre Expression, 1986): la "technique de l'utilisation de l'allié" et la "technique du temps privilégié". La première méthode recherche les intérêts communs susceptibles de jeter les bases d'une relation entre l'homme et l'enfant. Quant à la seconde méthode, elle sous-tend que le beau-père passera du temps seul avec l'enfant pour accomplir ces activités. C'est d'ailleurs ce qu'ont fait intuitivement Judith et son amoureux. Ayant découvert que ce dernier adorait la planche à roulettes, elle s'est empressée de le charger d'en apprendre tous les rudiments à son fils. "Quand ils sont revenus du parc, mon fils était tout excité. II n'arrêtait pas de me dire comment Marc était agile et de s'extasier sur tous les trucs qu'il lui avait montrés. Marc et moi avons échangé un grand sourire par-dessus sa tête: nous venions de marquer un point", se souvient-elle.
Enfin, dernière étape, si les partenaires envisagent de vivre ensemble, autant jouer franc jeu et prévenir les enfants. Ce sera l'occasion, par exemple, de les renseigner sur un éventuel déménagement, de les rassurer sur la place et le rôle de leur père, bref, de leur expliquer les modalités de leur nouvelle vie. L'important, c'est que chacun verbalise librement ses craintes et soit écouté.
UN DEUXIÈME PÈRE?
"'T'es même pas mon père!" Cette phrase, les conjoints de Doris, de Arianne et de Judith l'ont entendue maintes fois. Ces hommes manifestaient pourtant beaucoup de bonne volonté et semblaient prêts à aimer les enfants de leur compagne. Mais voilà, ils n'étaient pas leur vrai père et malheureusement, comme on peut le lire dans Les enfants et le divorce de Edward Teyber (La Presse, 1986), "on s'attend à ce que l'homme soit responsable de la discipline auprès des enfants et cela constitue souvent un problème majeur au sein des belles-familles."
Face au manque de respect, à l'insolence ou carrément à la désobéissance de l'enfant à l'égard du beau-père, que faire? C'est le parent qui détient l'autorité, pas son partenaire. Au début, mieux vaut éviter de le laisser se débrouiller seul avec les enfants, car il sera incapable de régler le conflit sans aide. Le parent doit prendre position clairement et fermement en faveur de son conjoint. Dans les familles où les enfants ont plus de pouvoir que le nouveau mari, il y a toujours des tiraillements et des disputes, le cadre familial étant en position de déséquilibre. II faut avoir confiance en son partenaire. Si on ne croit pas en lui, l'enfant le sentira et n'hésitera pas à le défier. II faut aussi déterminer le rôle du nouveau conjoint auprès des enfants. Doris et Julien, par exemple, ont compris que celui-ci n'avait pas à devenir un deuxième père pour les deux fils de Doris. "Pour la plupart des beaux-parents, le rôle de l'ami plus âgé vaut mieux que celui de parent", assure d'ailleurs Edward Teyber.
LES TIENS, LES MIENS, LE NÔTRE
Jusqu'ici, nous avons évoqué la famille reconstituée où un seul des partenaires a des enfants. Mais qu'en est-il lorsque, comme Arianne et Patrick, on doit également jongler avec l'ex-épouse de son conjoint et leur enfant? "C'est du sport! ", soupire Arianne.
Après des débuts ardus, la situation s'était pourtant améliorée: Célia n'était pas très chaleureuse avec Patrick, mais elle le tolérait. Arianne et Patrick ont alors cru bon la présenter à la fille de ce dernier. "Une horreur! Nous étions au restaurant et nos deux demoiselles ont absolument refusé de se parler. Patrick et moi étions exaspérés! En plus, l'ex-femme de Patrick m'a presque insultée en revenant prendre la petite. Moi qui croyais que ce serait une journée de fête, j'ai fini par engueuler ma fille, par me disputer avec Patrick et par détester sa fille! "
Ouf! toutes les premières rencontres entre les enfants de l'un et de l'autre ne sont pas aussi dramatiques! Les petites filles de Patrick et de Arianne ont même fini par se parler et par faire la paix. Malgré tout, ce mélange entre la progéniture des deux partenaires reste difficile. Quand tout le monde vit sous le même toit, les parents marchent sur des oeufs pour éviter d'avoir l'air injuste ou de préférer leurs propres enfants.
Généreuse attitude qui se retourne contre eux quand leurs rejetons les accusent de préférer... les enfants de l'autre! Et les petits qui ne vivent avec la famille reconstituée que les fins de semaine peuvent trouver difficile de faire partie d'une famille qu'ils voient peu, dans une maison qui n'est pas la leur mais celle de leurs demi-frères et demi-soeurs. C'est sans compter la jalousie qu'ils pourront éprouver en pensant que d'autres enfants profitent de la présence de deux parents.
Parfois, un nouvel enfant vient encore chambarder un équilibre déjà précaire. Ce bébé vient sceller la dissolution de la famille d'origine. "Le couple doit savoir que lui seul se réjouira de l'heureux événement. Pour les enfants déjà là, l'arrivée d'un bébé symbolise la permanence de ce remariage qu'ils ont toujours refusé de considérer comme quelque chose de définitif", prévient Micheline Lachance dans son livre Les enfants du divorce (éd. de l'Homme, 1979).
Encore une fois, pour permettre aux jeunes de faire connaissance dans un climat agréable, on suggère de les préparer en leur parlant d'abord de l'existence des autres enfants, puis en fixant une rencontre. Prévoir une courte activité plaisante pour tous est une bonne idée. Et afin d'éviter les guerres de territoire, autant l'organiser en terrain neutre.
UNE POINTE DE RÉALISME
Finalement, le mot d'ordre quand on veut atteindre le bonheur tout en préservant sa nouvelle flamme et sa petite famiIle, c'est le réalisme. Rien ne sert de s'imaginer que les enfants seront ravis, nous féliciteront et seront tout sucre tout miel avec leur beau-père. Autant se préparer à la réalité, c'est-à-dire être consciente que cela risque d'être dur... et long.
Avant qu'une famille reconstituée n'atteigne son point d'équilibre, cela peut prendre des années. Cela exige donc du temps, de l'ouverture d'esprit et beaucoup de communication.
L'essentiel est de se souvenir que chacun a son point de vue et ses peurs. Alors, on pourra espérer arriver à rebâtir une famille. Une famille différente certes, mais aussi heureuse que les familles traditionnelles.
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